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Biographies de membres de la famille Plasse de Polcy :
( Par Gérald Plasse)
Pour mon père qui aurait 120 ans Ranchal était un paradis. Un fils se doit de lui rendre hommage. Comment le faire sinon en retraçant les faits d'honneur de celui-ci et de ses descendants directs dont l'un à donné sa vie pour son pays, inscrivant une page d'honneur pour Ranchal.
Des Plasse de Polcy au service du pays
« Mais où sont mes racines Nashville ou Belleville ? » chante Eddy Mitchell. De plus en plus les gens ont deux sources de racines, celles où ils sont nés, où ils ont vécu leur jeunesse et celles de leurs ancêtres. « Brûleur de loup », c'est-à-dire isérois, mes poumons engrangent des odeurs spéciales et mes oreilles des bruits incomparables dès que j'arrive sur le plateau mathésin face au massif de l'Oisans et du Dévoluy. Les montagnes me parlent et les ruisseaux aussi. Mais dans mes souvenirs de jeunesse combien de fois ai-je entendu mon père me parler de Ranchal, berceau de notre famille depuis la naissance de Marie Plasse en 1728 et probablement de ses parents. Il y était né, comme ses 13 frères et sœurs et son attachement à son village natal était tel, que je l'ai au fil des ans idéalisé. Ranchal, un éden, une oasis dans ce monde de brutes. De plus on y parle une langue différente, réservée aux initiés, qu'il avait plaisir à utiliser quand sa sœur religieuse venait passer chez nous quelques jours de vacances par an. Mon père décéda je n'avais pas 23 ans et lui pas 64. Comme nous sortions des années de guerre, nous n'avions pas de moyens de locomotion personnels autres qu'un vélo. Aussi ce n'est qu'à 25 ans que je découvris Ranchal et son hameau de rêve, Polcy, qui reste le berceau de la dynastie. Qui était mon géniteur ?
Le « Dzeuzé Marie » Plasse, né en 1897, était le dernier enfant du « Glaude Marie » Plasse, géomètre à Ranchal qui passa plus de temps à garder les chèvres qu'à arpenter. La femme de Joseph était une valentinoise qui lui donna trois enfants Gilbert l'ainé en 1927, puis Rolande, la cadette en 1931, et Gérald le benjamin en 1938, votre narrateur. Comme souvent ce sont des évènements imprévisibles qui déterminent la vie d'une personne voire d'une famille. Ainsi Joseph, qui allait à l'école l'hiver et aux champs en dehors de ce temps, doté d'une grande mémoire et d'un sens aigu de la réflexion et de la justice, n'eut pas le bonheur de passer son certificat d'études et apprit le métier de la vigne à Beaujeu dans une ferme viticole. Il n'exerça pas longtemps cette activité car à moins de dix neuf ans sonna pour lui l'appel sous les drapeaux pour participer à cette énorme calamité que fût la Première Guerre Mondiale où 1,6 million d'hommes laissèrent leur vie tandis que 450.000 blessés formèrent la cohorte des « gueules cassées ». Joseph fut recruté à 19 ans à Pierrelatte dans un Groupe Cycliste appartenant au 13ème Chasseur de Chambéry où, sur sa bicyclette pliante Gérard, il gagna l'Alsace en réserve puis le front début 1917. Peu de français autres que des férus d'histoire connaissent l'existence de ces groupes cyclistes. Leur rôle était de se rendre très rapidement soit pour permettre une relève de soldats soit pour faire un point d'appui à une unité qui se battait. Au combat la bicyclette Gérard se pliait et se mettait sur le dos du Chasseur. Dix divisions possédaient un Groupe Cycliste de 400 hommes répartis en 3 pelotons. On peut suivre le parcourt de Joseph grâce à son chef le Capitaine Buisson, qui pris sa retraite comme Général d'Armée, auteur du « Livre d'or du 6ème Groupe Cycliste », que l'on peut lire sur internet. Pas trace de fait marquant pour Joseph mais les tranchées, le froid, l'humidité, le feu, la peur et les obus pendant deux ans…Joseph participe à la terrible bataille de Berry-au-Bac en Avril 17 dans le cadre de celle du Chemin des Dames. Le Capitaine Buisson lui adresse une lettre de félicitations, à la page 115, lettre dont je conserve l'original.
Joseph a beaucoup enduré mais est rentré sauf, libéré seulement… fin 1919, le service militaire étant de 4 ans ! A 25 ans sans métier défini, il voulut valoriser son passage sous les drapeaux en entrant dans la gendarmerie, comme son frère Rémi, grand-père de mon cousin Didier, seul Plasse, gardien du Temple, à résider encore, et partiellement, à Polcy. A sa sortie de l'Ecole de Toul, il est affecté à la brigade de gendarmerie à cheval de Saint-Vallier (Drôme). Apprécié par ses chefs il gravira les échelons des grades de sous-officier, un officier lui disant même qu'il aurait pu devenir lieutenant s'il avait eu le certificat d'études. En 1937 il est adjudant à la Motte d'Aveillans (Isère). Le commandant de compagnie de La Mure le convoque souvent pour prendre son avis, puis le fait venir comme adjoint avec le grade d'adjudant-chef. Une nouvelle vie va commencer pour lui.
La guerre éclate, le commandant de compagnie, veuf avec trois enfants, est appelé pour partir à la guerre. Il sera fait prisonnier et ne rentrera que cinq ans plus tard. Les commandants de compagnie qui arriveront pendant la guerre ne sont pas des officiers professionnels et résideront en ville et non à la caserne. C'est Joseph qui endossera le costume. Son mérite, il se trouve dans les rapports humains qu'il tisse avec la population. Ainsi quand les divers maquis, souvent opposés, se formeront, il rencontrera leurs chefs, souvent des gamins de vingt ans, courageux, qui ne rêvent que d'en découdre avec l'ennemi. Et quand les terroristes pillent les magasins au nom de la résistance, il va les associer à son action pour les arrêter. En 44, les allemands arrivent à La Mure. A peine débarqués, ils envoyèrent un soldat à la gendarmerie. Ils réclamaient, à l'Hôtel de Ville, la présence illico de Joseph et de tous ses hommes, le commandant de compagnie, logeant en ville étant absent. Le discours du commandant nazi fût des plus clairs : « Si un coup de feu est tiré contre nous, nous fusillerons en premier tous les gendarmes. Maintenant retournez chez vous et revenez nous apporter vos armes ! ». Joseph avait fait la bataille des Ardennes, les tranchées et la seconde bataille de la Marne en 1917 et 18. Aguerri, il ne perdit pas son sang-froid. « Comment voulez-vous que nous assurions l'ordre dans la ville et votre sécurité si vous nous privez de nos armes ? » répondit-il. L'argument porta. Ils gardèrent leurs armes et rentrèrent chez eux. Ce n'était que le début….L'arrivée des américains fut son épreuve la plus dure. Les soldats nazis préparèrent leur départ en toute hâte. Le 21 Août 44, un officier allemand vint à la caserne et demanda à voir Joseph, qui commandait donc par intérim. Il lui tint ce propos : « Demain matin, nous allons quitter la ville. Si un coup de feu est tiré contre nous, nous faisons demi tour, nous fusillons tous les gendarmes et nous mettons le feu à la ville avant de repartir ». Mon père pâlit : il savait que le Maquis avait préparé de longue date le départ des allemands et les attendait à la Robine pour en découdre. L'allemand s'en alla. Le couvre-feu avait lieu à 20 heures. Joseph avait dix minutes pour sauter sur son vélo et se rendre rue du Nord rejoindre les responsables maquisards, leur expliquer la situation et les supplier d'abandonner leur projet pour sauver la population. Ils acceptèrent, pas de gaieté de cœur, de ne pas intervenir ! Au retour, de la rue du Nord à la caserne, que le chemin parût long à Joseph, réchappé de la guerre 14-18, et qui pouvait tomber à tout moment sous le tir ennemi pour avoir bravé le couvre-feu, comme était tombé quelques jours auparavant le malheureux Yves Turc, un gamin de 14 ans, déboulant sur son vélo près de mon école maternelle. Pendant la nuit, les allemands revinrent encore, menaçant de nouveau : une de leurs patrouilles avait essuyé des coups de feu. Joseph envoya avec eux le gendarme Carle, un Alsacien qui parlait leur langue et qui leur monta une histoire rocambolesque. Joseph et Carle avaient sauvé la ville ! Aussi quand les GI arrivèrent, ces deux hommes défilèrent en ville, debout à l'arrière d'une auto, acclamés par la population. La récompense ? 17 ans plus tard ...et deux mois après son décès Joseph reçut une lettre le proposant pour la Légion d'honneur !
Joseph avait écrit une page de vie qui a fait honneur à Ranchal, son village de toujours.
Gilbert Plasse, le fils ainé de Joseph, né à Vinay (Isère), voulait à 17 ans « partir au maquis » comme beaucoup de ses camarades. Son père l'en dissuada car plusieurs de ses camarades y avaient laissé leur vie par manque de préparation militaire. Ne voulant plus allé au collège à la fin de la Seconde, il trouva un emploi dans une banque locale, à La Mure. Son intelligence était vive et le directeur lui promettait un avenir radieux. Mais le métier des armes l'habitait. Aussi en Juillet 45, Joseph lui dit : « Une nouvelle police vient de voir le jour. Ce sont les Compagnies Républicaines de Sécurité qui remplacent les GMR trop mouillés avec l'ennemi. Si tu veux toujours faire respecter la loi, tu peux essayer. Il faut avoir 18 ans et tu les as. » Gilbert sauta sur l'occasion et rejoint la CRS en formation dans l'Isère. Aucune école de police, on apprit tout le métier sur le tas. Policier en tenue soignée dans les villes d'eaux l'été et en maintien d'ordre le reste du temps Gilbert, sportif accompli qui faisait des championnats de cross, aimait sa vie de policier mais en 1948 il s'inquiéta : on ne l'avait pas appelé sous les drapeaux. On l'avait oublié…Il réclama. L'oubli fut réparé et il quitta son habit bleu contre un kaki. Après ses classes il postula pour les EOR d'où il sorti aspirant. Joseph était heureux et fier, il avait un fils officier. En 1950 ce fût « la quille » et il regagna sa compagnie de CRS où la vie de simple gardien n'avait plus rien à voir avec celle qu'il venait de quitter. Mais ses résultats sportifs l'emmenèrent comme moniteur de sports à l'école des CRS de Sens. Il fut nommé sous-brigadier, lui devenu sous-lieutenant de réserve. En 51 il démissionne des CRS et s'engage dans l'armée, son grade de réserve lui étant octroyé à titre provisoire. Formé dans les Régiments Anti Aériens, le voilà sous-lieutenant à Alger, puis lieutenant à Oran. Fin 54 la guerre d'Algérie qui éclate lui permettra de passer dans l'armée active. Mais en 55 le bruit court que le gouvernement pourrait décider l'envoi du contingent en Algérie. Gérald, ce petit frère qu'il aime tant, passera le Conseil de Révision en 56 et sera appelé sous les drapeaux dans trois ans. Il pourrait partir au combat sans l'avoir désiré alors que lui, officier de métier de RAA, serait à l'abri, les fellagas ne possédant pas d'avions ?
Cet état de chose décide Gilbert à quitter l'armée. Mais il veut participer au maintien de l'ordre. Une nouvelle police vient de voir le jour : elle s'appellera les Groupes Mobiles de Protection Rurale (les GMPR) puis les Groupes Mobiles de Sécurité (les GMS). Elle dépend du Préfet Igame., super préfet de région. Ces unités seront habillées par l'Armée mais dépendront du ministère de l'Intérieur et directement du Préfet afin d'entreprendre des actions rapides débarrassées des lourdeurs administratives. Une cellule de recrutement d'officiers subalternes aptes à diriger un groupe de 80 à 100 gardes est mise en place. Le lieutenant Plasse est retenu. On lui confie un territoire : ce sera Trumelet près de Tiaret. On lui confie aussi un budget qu'il devra gérer. Il devra recruter lui-même ses hommes dont les deux tiers devront être des musulmans. Il construira une cité de 92 logements pour les loger avec leurs familles. Voilà une vie de liberté qui conviendra aux capacités de chef du jeune lieutenant. Ses gardes européens seront souvent d'anciens légionnaires ou des fils de « Pieds noirs » qui voudront venger l'assassinat d'un membre de leur famille par les rebelles. Pour les mêmes raisons les musulmans voudront venger eux aussi des proches assassinés par le FLN dans la terrible guerre qu'il livra au MNA de Messali Hadg (10 000 morts !) ou parce que pro français. Inutile de dire que ses hommes étaient toujours très disponibles pour chasser le fellaga. Quand ils se plaignirent d'être trop fatigués pour crapahuter pendant le ramadan, Gilbert trouvait le motif peu valable et fit le ramadan avec eux et ainsi le travail n'en souffrit pas. Il prit des cours d'arabe et se paya même le luxe d'assister avec un de ses hommes à une réunion du FLN. Quelle audace et quel courage ! Il commanda aussi pendant trois mois le groupe de Vialar qui tanguait. Les hommes perdus au combat étaient le ciment qui liait les autres. Ses actions sont récompensées par sa promotion fin 56 au grade de capitaine, plus jeune capitaine d'Algérie, à moins de 30 ans !
Son 30ième GMS fût appelé aussi en renfort à Marnia à la frontière marocaine, ce qui vaudra au Capitaine Gilbert Plasse, en 58, la Croix de la valeur militaire (Croix de Guerre d'AFN) avec étoile de bronze pour avoir mis au tamis 60 rebelles et récupéré 17 armes de guerre. Mais sur son territoire, c'est surtout la forêt de Frenda qui l'occupera et en 59, nouvelle citation avec médaille d'argent pour avoir arrêté 7 agents de liaison et la récupération d'un important stock de ravitaillement et du courrier qui permis la destruction de tout un réseau. En Février 60, il obtint le ralliement de 3 rebelles armés. Puis ce fût le 21 Mars 60…En début de matinée son groupe accroche un important élément rebelle à Ouled Bou Gueddou, près de Tiaret, Gilbert réussira à l'encercler. Il aura des blessés parmi ses hommes. Voulant conclure rapidement, il s'approchera au plus près de l'ennemi. Il est mis en joue par un rebelle et le caporal Amrhani, se précipitera pour le protéger et se fera tuer à sa place. En colère Gilbert dégoupille une grenade et se lève pour la jeter derrière le rocher. Cette fois une rafale mettra fin à sa vie exceptionnelle. Aucun rebelle n'aura la vie sauve…La colère, même justifiée, est souvent mauvaise conseillère. Nouvelle citation avec palme et légion d'honneur lui seront encore octroyées mais cette fois… à titre posthume. Et il est décédé à 33 ans alors qu'il était pressenti pour son quatrième galon, celui de commandant, aube d'une belle carrière !
Gilbert, fils ainé de Joseph, a écrit une page de vie qui a fait honneur à Ranchal.
Rolande, la sœur de Gilbert, épousera Augustin, né à Paray-le-Monial en 1926. Celui-ci partira au maquis à 18 ans. Courageux, il ira sous le feu allemand chercher un camarade blessé dans la terrible bataille du Mont Froid, qui lui rapportera la croix de guerre avec médaille d'argent. D'autres faits d'armes seront récompensés par une autre citation avec médaille de bronze. La guerre finie il incorporera, comme tous les maquisards, l'Armée De Lattre pour gagner l'Allemagne puis l'Autriche. Rendue à la vie civile il cherchera sa voie dans le bâtiment puis sur les conseils de son beau-père, Joseph, il se préparera à être gendarme. Il fera son école de gendarmerie en Algérie, à la suite de laquelle il sera versé dans la gendarmerie mobile. Là le maquisard retrouvera un ennemi à combattre, le fellaga. Comme douze ans plus tôt il se sentira l'âme guerrière pour défendre la France. En Algérie toutes les Armes sont transformées en fantassins, y compris les gendarmes mobiles et la majorité des trainglots qui deviendront les Bataillons de Marche du Train. Voilà Augustin toujours volontaire pour chasser le rebelle. Dans l'Oranais il participe à de nombreuses opérations. Il sera cité deux fois avec Croix de la Valeur Militaire avec étoile de bronze. Il regagnera la métropole à 35 ans et obtiendra la Médaille Militaire. C'est à l'EM régional de gendarmerie à Bron qu'il conclura sa carrière de soldat, décoré de la Légion d'Honneur à Valence.
Augustin, le gendre de Joseph, a écrit une page de vie qui fait honneur à Ranchal.
Gérald, le fils cadet de Joseph, ne s'illustrera par aucun acte de bravoure pendant son service armé en Algérie. La raison en est simple : il est rentré vivant. Explication : Gérald, soldat de l'Arme du Train à Blida, fait partie de cette minorité de trainglots qui roulent pour ouvrir les voies devant les trains, en draisine blindée. Dans son unité, rarement des blessés, mais des morts chaque fois que les rebelles font sauter une draisine ou les font dérailler. Un trainglot d'un autre BMT (Bataillon de Marche du Train), rencontré dans une gare, lui dira qu'il préfère « crapahuter » dans le djebel avec une arme pour se défendre que d'être chaque jour promené en « cercueil ambulant », sans compter les escortes de trains qui peuvent se terminer au fond d'un ravin. En Janvier 60 les draisines ou trains des voies ferrées dépendant de la compagnie de Blida ont déraillé ou sauté 30 fois en 31 jours. Gérald a perdu en dix mois huit camarades.
La page de vie écrite par Gérald ne fait pas déshonneur à Ranchal.
D'ailleurs Joseph, ses deux fils et son gendre se sont vu décerner tous les quatre la Croix du Combattant.
Mais une question hante l'esprit : quelle est la part de chance de revenir vivant d'une guerre ? Est-elle proportionnée au temps passé en zone combat ? Aux risques inhérents à ceux-ci ? A la Bonne Etoile qui nous éclaire ? Maintes fois je me suis posé la question sans trouver de réponse. On ne peut qu'analyser les choses telles qu'elles se sont passées.
Joseph est celui qui est resté deux ans au feu. Il est revenu sain et sauf du Chemin des Dames qui dans les dix premiers jours a couté la vie à 30 000 soldats français et vivant aussi des autres combats dans la seconde bataille de la Marne. C'est le « chiffre 13 » (qui voulait dire 13ième chasseur) qu'il portait au revers de son col, qui, disait-il, lui avait sauvé la vie.
Gilbert était connu comme un chanceux à qui tout réussissait. Sa vie était un roman et il la vivait comme telle. Son frère connaissait les risques qu'il prenait mais faisait confiance à sa « baraka ». Homme d'armes, rompu au combat, il ne pouvait rien lui arriver, et pourtant…
Gérald avait la « scoumoune ». Tous les soirs les chefs d'escorte, dont il faisait partie, avaient leur nom affiché sur un tableau. Les adjoints, draisineurs, radios ou guetteurs choisissaient avec qui ils souhaitaient rouler le lendemain en inscrivant leur nom à la suite. Mais au fil de ses avatars, même ses meilleurs copains se dérobaient et son escorte devenait une équipe de « désignés ». Malgré tout, il est rentré vivant de son séjour africain qui, certes, fût de courte durée par rapport au temps passé sous l'orage par les autres membres de sa famille combattante. Est-ce la mort de son frère qui lui permit de demander son rapatriement qui lui a sauvé la vie ? On peut l'envisager comme réponse…
Augustin ignorait le risque et fonçait sur l'ennemi. Il aurait pu maintes fois être balayé par une rafale d'arme ou une grenade quadrillée. Il est décédé à 90 ans, couvert de médailles et de souvenirs. Il n'était pas croyant, peu de chances donc de louer en la circonstance les bienfaits de son ange gardien …
Voilà tracée l'histoire militaire de la famille du « Dzeuzé Plasse » de Polcy. Je me réjouis pour mon père, homme juste parmi les justes, que Ranchal n'ait pas à rougir de ses enfants qui se tracèrent un chemin différent de leur aïeul le « Glaude- Marie » et ne mesurèrent pas leurs efforts pour la nation à défaut de ne pas avoir mesuré des arpents de terre.
Mention spéciale à mes petits cousins Didier Plasse qui, de par son père Paul, détient des monceaux de souvenirs et Bernard Gauthier qui, à défaut de n'avoir jamais couru Bordeaux-Paris, déploya d'énormes efforts pour nous faire remonter notre ascendance jusqu'en 1640, naissance d'Etienne, le premier Plasse connu dont nous descendons.