En dehors des recettes de liqueurs distillées plus ou moins secrètes et complexes (Arquebuse, Chartreuse, Bénédictine etc.) les recettes suivantes permettent de réaliser facilement par macération quelques “ liqueurs de ménage ” à l’aide  de plantes communes en Haut Beaujolais. De la même manière que pour le ramassage et la préparation des champignons, l’utilisation de plantes cueillies dans la nature pour les liqueurs nécessite une identification sans faille.

Matériel et ingrédients de base :
Sucre blanc en morceaux n°4, soit morceaux traditionnels de 5,95 g avec 168 morceaux par kg.
Alcool blanc ou eau de vie pour conserve de fruit à 40°.
Bocaux de verre étanche pour stérilisation pouvant contenir plus d’un litre avec couvercle en verre, arceaux de fermeture et joint caoutchouc.

Liqueur de fleurs de mélèze :

En raison des qualités de son bois, depuis quelques décennies, le nombre de parcelles plantées de mélèzes (Larix decidua) dans le Haut Beaujolais à beaucoup augmentées (ex. Mont Saint Rigaud, sud du Col du Pilon etc.).
La liqueur issue des fleurs de ce conifère est très prisée en Savoie au même titre que le génépi car elle présente une saveur très agréable nullement résinée.
Mettre dans un bocal fermé un litre d’alcool à 40° et 40 morceaux de sucre.
Ajouter 40 cônes rouges de fleurs femelles de mélèze (avril/mai suivant l’altitude)
Les faire macérer dans le bocal fermé 40 jours.
Filtrer et mettre en bouteille.
Il faut de préférence quelques mois de vieillissement avant de déguster.

Liqueur de menthe : 

Cette recette peut être réalisée entre autres avec la menthe poivrée (Mentha × piperita) la menthe aquatique (Mentha aquatiqua) ou la menthe en épis (Mentha spicata).
Mettre dans un bocal fermé un litre d’alcool à 40° avec 250 grammes de feuilles fraîches de menthe sans les tiges car ces dernières pourraient donner de l’amertume.
Laisser macérer une bonne semaine en remuant légèrement de temps en temps.
Préparer un sirop à chaud avec 80 morceaux de sucre et environ 1/10 de litre d’eau puis laissez le refroidir.
Tailler des zestes dans la moitié d’un citron non traité.
Incorporer le citron et le sirop dans le bocal et laisser macérer le tout trois jours de plus en remuant de temps en temps.
Filtrer et mettre en bouteille.

Liqueur d’angélique des bois :

L’angélique des bois est une grande ombellifère (apiacée) aromatique à tige creuse et dont les pétioles des feuilles pennées sont ailés à la base suivant de larges membranes ambrassantes formant des sortes de gouttières canalisant la pluie vers les tiges .
Cette plante est très commune en Haut Beaujolais dans les prairies et les bois clairs humides.
Mettre 1 kg de tiges d’angélique fraîche coupées en petits tronçons dans un litre d’alcool de fruit
Ajouter 100 morceaux de sucre et remuer régulièrement le bocal qui doit être mis au soleil le plus possible pendant trente jours.
Filtrer le tout en le pressant dans un entonnoir contenant un “ filtre à café ” en papier pour mettre en bouteille.

Liqueur de tanaisie : La liqueur des sorcières ?

La tanaise est une plante puissamment aromatique que l’on trouve au bord des chemins et dans certaines prairies grasses et argileuses.
Au moyen age c’était une plante très populaire qui accompagnait les œufs, les poissons, les pâtisseries et entrait dans la composition de nombreuses liqueurs d’abbayes.
On utilise les sommités fleuries avec quelques feuilles du haut que l’on récolte entre août et septembre suivant l’altitude.
La tanaisie à faible dose est un stimulant des organes digestifs mais elle à des effets vermifuges à plus forte dose.
A très forte dose elle devient franchement toxique et abortive et elle est donc interdite aux femmes enceintes
Bien qu’elle rentre dans la composition de la Chartreuse et de la Bénédictine, il faut savoir qu’elle contient de la thuyone qui est le neurotoxique contenu dans l’absinthe.
Cette substance a certes grandement favorisé l’inspiration de nombreux peintres impressionnistes au dix-neuvième siècle mais elle en a aussi conduit certains à l’aliénation !
C’est donc en toute connaissance de cause que vous pouvez réaliser cette liqueur suivant la méthode ci-après adaptée d’une recette de Clotilde Boisvert,  botaniste et ethnobotaniste (Ingénieur CNRS).
Considérez la donc comme une expérience d’alchimiste ou de sorcière qui produit un élixir délicieux et étonnant mais à consommer avec beaucoup de modération !
Mettre dans un bocal 50 grammes de sommités fleuries de tanaisie dans un litre d’alcool à 40° et 80 morceaux de sucre.
Laissé macérer pendant 10 jours en remuant le bocal de temps en temps pour bien dissoudre le sucre et mélanger.
Filtrer le tout dans un entonnoir contenant un “ filtre à café ” en papier pour mettre en bouteille.

Vin de mai et liqueur à l’aspérule des bois :

L’aspérule est le gaillet odorant (Galium odoratum) qui fleurit en mai dans les bois calcaires des montagnes bordant la basse vallée de l’Azergues.
En réalité il ne mérite pas son nom à l’état frais car son odeur ne se développe qu’à partir du début de son flétrissement après la cueillette par dégagement de coumarine.
C’est le même phénomène qui produit la très agréable odeur du foin coupé.
On a écrit que Louis quatorze trouvait sa vitalité légendaire dans cette plante…
Nos grand mères utilisaient ses feuilles séchées emprisonnées dans des petits pochons de toile pour parfumer les armoires et éloigner les mites.
En dehors des boissons l'aspérule peut être utilisée pour parfumer de nombreuses préparations comme des flans ou des crèmes brûlées par exemple.

Recette du vin de mai :
Une bouteille de bon vin blanc
Un petit bouquet de terminaisons fleuries d’aspérules (env. 6 grammes) 
8 morceaux de sucre
Le quart d’un baton de canelle.
Une petite orange non traitée coupée en rondelles
Un petit verre de cognac
Mettre le tout dans un bocal étanche pendant  trois jours en remuant doucement de temps en temps.
Fliter et mettre dans des bouteilles bien fermées car cet apéritif peut être légèrement pétillant.
Servir très frais

Autre recette :
Faire sécher un bouquet de fleurs d’aspérules en l’attachant à un fil la tête en bas.
Mettre ensuite ce bouquet dans un bocal étanche avec une bouteille de bon vin rouge, quarante morceaux de sucre, un batonnet de vanille, la moitiée d’une orange non traitée et un bon verre d’alcool pour fruit à 40°.
Laisser macérer trois jours en remuant doucement de temps en temps avant de filtrer et de mettre en bouteilles bien fermées.

La liqueur d’aspérules :
Mettre deux poignées de fleurs d’aspérules dans un bocal avec un litre d’alcool pour conserve de fruit à 40° , quarante morceaux de sucre, un petit morceau de canelle.
Laisser massérer 40 jours en retournant quelques instant le bocal pour le remuer doucement de temps en temps enfin filtrer et mettre en bouteilles.