![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||
|
||||||||||||||||||||||||||||||||||
..... |
Le camp allemand a été construit à Ranchal à partir de la fin de l'année 1942 et démonté en Juin 1944. Je tiens à remercier vivement Monsieur Jean Forest qui a fait une étude très complète sur le sujet en 2002, c'est sur cette dernière que s'appuient la plupart des informations qui suivent. Le 19 juin 1940, c'est l'invasion du Rhône par les troupes allemandes qui passèrent par Chauffailles puis le col des Echarmeaux et la vallée d'Azergues (On parle de 168 véhicules et de 3 à 4 000 hommes). Une colonne motorisée bifurqua au col des écharmeaux pour traverser Ranchal et stationner pendant une heure aux filatures. Toute l'industrie textile de la région avait périclité à cause de la guerre et de nombreux habitants n'avaient plus de travail. Le recrutement du personnel pour la construction du camp de Ranchal se fit par deux allemands. Plusieurs Ranchalais y travaillaient. Les Ranchalais voyaient le soir des groupes importants d'ouvriers redescendre au dessus du village à travers les près. Par le trajet le plus court, ils rejoignaient le bourg ou certains logeaient dans les maisons du village et où beaucoup prenaient leur repas à l'hôtel restaurant Burnichon. Tous les terrassements étaient faits à la pelle et à la pioche. Le personnel n'était pas très actif puisque très peu motivé pour travailler avec l'envahisseur. La plupart étaient des chômeurs qui le faisaient par nécessité vitale et des jeunes des classes 1940-1941-1942, concernés par le service du travail obligatoire, ils évitaient ainsi d'être déporté pour aller travailler en Allemagne. La surface du camp était d'un peu plus de trois hectares, 270 m de long et 140 m de large. Tout le matériel arrivait par wagons en gare de Chauffailles et de Belleroche, des transporteurs locaux prenaient le relais jusqu'au col des écorbans.
L'occupant avait semble-t-il privilégié l'installation rapide d'un radar, avec son poste de commandement, il était alors interdit au personnel d'accéder à la partie haute du camp ou seule l'entreprise Lapalette était intervenue. Les premiers soldats allemands sont arrivés en août 1943, ils logeaient chez les habitants de Belleroche et de Poule (A Poule, ils étaient des « malgré-nous » belges). Un petit cirque s'était installé à Poule. Un soir, pendant le spectacle, un clown raconta des histoires contre les « boches », les militaires allemands présents dans la salle n'eurent aucune réaction. Un jeune homme de Poule, a voulu par curiosité voir le camp et une sentinelle l'a intercepté, on l'a simplement fait travailler le reste de la journée puis libéré le soir. Les troupes qui surveillaient ces camps radars étaient bien différentes des autres unités allemandes. C'était les « Luftnachrichten » (Les nouvelles de l'air). Heureusement pour la population, les ordres devaient être d'éviter toute action violente à l'égard des habitants de chaque région, même à l'égard des curieux venus observer. Il semblerait que les allemands avaient quelques problèmes de ravitaillement, ils allaient de ferme en ferme mais les agriculteurs n'étaient pas très disposés à leur égard. Malgré cela, apparemment, ils ne procédèrent à aucune réquisition. Ils avaient de bons rapports avec la population, faisaient leurs courses dans les épiceries, consommaient au café avec les gens du pays mais aucun d'eux ne fréquentait l'église, même le dimanche pour le culte. L'interprète civil (Monsieur Kallenbach) s'était installé avec sa femme et ses deux filles dans une maison du bourg de Ranchal réquisitionnée . Ses deux petites filles allaient à l'école et parlaient bien le français, ce qui n'était pas le cas de leur père. (Kallenbach a été fusillé à Poule au lieu dit "la scierie" le 14 juin 1944 par la résistance car accusé, à tord selon certain, d'avoir dénoncé les résistants de Thel. Enterré provisoirement à Poule, sa femme revint quelques temps plus tard pour faire rapatrier son corps en Allemagne.) Certains témoignages font état d'une parabole métallique au camp. L'emplacement du camp à 870 m d'altitude entre les vallées de la Saône et de la Loire confirme l'hypothèse « radar », en effet ces deux fleuves servaient de repères et de guidage pour les avions et surtout pour les vols de nuit anglais effectués à la pleine lune. Le camp ne possédait pas de défense antiaérienne mais il pouvait être équipé d'une balise radio pour guider les avions ainsi que d'un système d'écoute permanent des longueur d'onde de la chasse aérienne comme dans les autres bases. D'autres bases radar ont été construites par les allemands dans la région, notamment en 1942 à Montagny les Buxy (Saône et Loire) et à Chazelles sur Lyon (Loire). Les constructions étaient semblables à celles de Ranchal, bâtiments préfabriqués sur des assises bétonnées avec isolation grâce à de la laine de verre (Matière encore inconnue dans la région à cette époque). Peu après le 6 juin 1944 (débarquement), les allemands procèdent au démontage complet des installations, du radar, des équipements et des bâtiments préfabriqués du camp. Tous ces matériels furent acheminés en gare de Belleroche par les mêmes transporteurs locaux que pour la construction. J'ai retrouvé à Propières la personne qui a détruit la cabane en 1970, il a récupéré le plancher allemand et l'utilise toujours chez lui ! Belle qualité, non ? Selon certaines informations non vérifiables, les Allemands du camp de Ranchal seraient tous tombés sous les balles de la résistance près de Belleville sur Saône alors qu'ils essayaient de rejoindre leur pays, on peu plus vraisemblablement penser qu'ils sont repartis dans les trains lors du déménagement du camp.
Radar Wurzburg Riese _______________________________
_______________________________ Croquis général du camp Le croquis ci-dessus vous permettra de vous orienter dans le camp. L'emprise au sol des bâtiments était tout de même de près de 3 000 m2 ! De nos jours on peu y dénombrer les restes de 12 constructions : (Voir plan général ci-dessus)
1 : Embase hexagonale de radar (tenant dans un cercle de 4.65 m) haute de 1.20 m. Dans chacun des 6 angles, une tige filetée haute de 35 cm et de 35 mm de diamètre servant à la fixation du radar.
2 : Assise en béton d'un bâtiment de 9 m sur 6m. (54 m2) 3 : Réservoir d'eau potable ressemblant à un blockhaus et couramment nommé ainsi par les Ranchalais. C'est un cube de béton de 3.45 m de coté et de 3.22 m de haut avec des piliers contreforts de chaque coté. Le seul accès est une petite ouverture sur le dessus. Il pouvait contenir environ 17 mètres cubes d'eau et était alimenté par une pompe depuis le captage d'une source sous le col des écorbans (Aujourd'hui captage de la commune). NB : J'ai eu la surprise lors de ma dernière visite de le trouver à moitiè plein de divers objets métalliques : panneaux, plaques automobiles, sécateurs rouillés, tondeuse à gazon etc.… On se demande vraiment pourquoi quelqu'un a pris la peine de venir dans le bois puis de monter sur le réservoir et enfin de faire passer ces objets par la petite trappe ???? et transformer ainsi le vestige en dépotoir… 4 : Assises de bâtiments de 87 m. de long apparemment équipé de 12 cheminées. (Surface au sol : près de 1000 mètres carrés !) Ce bâtiment à l'air de présenter en partie les mêmes disposition que le numéro 5, il devait donc partiellement servir de dortoir. La partie de l'édifice en forme de « T » abritait la salle de contrôle des radars, on le sait car les autres camps avaient la même. 5 : Assise de bâtiment long de 42 m. large de 12.5 m. (Surface : 525 m2.) En suivant l'escalier extérieur, on remarque un couloir central. De part et d'autre étaient disposées des cheminées tous les 6.5 m. On peut imaginer un cloisonnement entre chaque cheminée et donc 7 chambres de 27 m2 de chaque coté soit 14 pour ce bâtiment. 6 : Réservoir d'eau à ciel ouvert de 8 m de long, large de 4.4 m et de 3 m de profondeur. (35 m2). Couramment appelé « la piscine » par les Ranchalais, il devait être un réservoir d'eau prévu en cas d'incendie. Pour éviter un accident, des forestiers l'ont partiellement comblé avec des branches. 7 : Assise de bâtiment de 42 m de long sur 13 m de large (Surface 546 m2). Les témoignages parlent d'une façade de baies vitrées coté escalier lui donnant un bel aspect. Il devait servir de foyer et/ou de restaurants aux militaires. La grosse cheminée encore debout était peut être celle des cuisines. Il reste une ouverture (2.7 m / 1 m) sur la gauche du bâtiment donnant accès à une salle souterraine qui était, semble-t-il un abri souterrain. 8 : Assise de bâtiment long de 56 m et large de 13 m (728 m2). Dalle en béton de 75 m2 sur la droite du bâtiment. 9 : Seul bâtiment important construit en dur et encore debout aujourd'hui. Longueur 9 m largeur 7 m (63 m2), il était surmonté d'une tour dans le haut de laquelle arrivait la ligne électrique haute tension tirée depuis le transformateur de Ranchal. Se trouvait là également un transformateur. Comme dans la bases radar de Montagny les Buxy (71), un groupe électrogène devait certainement se trouver dans l'autre partie du bâtiment pour prendre le relais en cas de coupure (bombardement ou sabotage). 10 : Assise de bâtiment carré de 5 m de coté (25 m2). Peut être le poste de garde de l'entrée du camp ? 11 & 12 : Une embase de radar identique à la première se trouve à 200 mètres environ au sud de celle-ci (à droite sur la carte). Une assise de bâtiment de 9m de long et de 6 m de large (55 m2) se trouve à 35 m au Nord Est de cette embase. _______________________________ ANNEXES
TEMOIGNAGE SUR LE CAMP ALLEMAND DE MADAME FOREST RENEE
Nous ramassions aussi de l’herbe et surtout nous coupions des fougères pour dégager les plants et faire la litière des animaux. Nous avions donc besoin de passer par le camp avec nos vaches attelées et notre char. Il nous avait accordé le passage sans difficulté et il avait fait prévenir les postes de garde notamment celui qui se trouvait en permanence au bord de l’actuelle route goudronnée.
Une chose nous avait marqué, c’était la laine de verre qu’ils utilisaient pour l’isolation, nous ne connaissions absolument pas cela, ils en avaient déposé un tas en vrac au fond du chemin, on aurait dit un tas de bourre de coton, c’était du verre effilé très fin qui piquait les doigts si l’on essayait de le toucher. Même s’ils avaient la possibilité de tourner sur leur axe, les radars étaient fixes, celui du bord du chemin était dirigé vers la vallée de la Saône et celui du haut vers le Roannais.
Ils expédiaient aussi du matériel et des bâtiments préfabriqués par la gare de Poule mais je me souviens que la résistance avait, à l’époque envoyé à pleine vitesse des locomotives sans chauffeur dans le grand tunnel de Poule pour qu’elles déraillent et se renversent à l’intérieur, bloquant ainsi la voie. Au début de la guerre, le tunnel était gardé, les allemands mobilisaient les hommes de Belleroche, en général des personnes âgées pour monter la garde aux entrées du tunnel. Je pense que c’est la mairie qui avait reçu cet ordre et qui géraient les tours de garde. C’était étrange, à Favardy des coups de feu étaient tirés régulièrement par le maquis mais les allemands du camp ne se déplaçaient jamais. Ils devaient avoir conscience qu’ils étaient bien là au lieu d’être sur le front Russe. Je me souviens du bistrot de Monsieur Corget à Polcy, ils y étaient tout le temps, c’était toujours plein.
A l’époque la nourriture partait toute à la réquisition donc nous cultivions un peu de blé là haut sans le déclarer pour pouvoir manger à notre faim et nous passions pour cela à Ranchal, chez Monsieur Dubost ou nous allions le passer à la batteuse. Quand les Allemands sont partis, je me souviens des Ranchalais qui montaient au camp avec les vaches et les tombereaux pour récupérer tout ce qu’ils pouvaient. Les gens de Propières avaient, quant à eux, détourné un bâtiment complet qui leur a servi par la suite de salle des fêtes. J’ai entendu dire, comme beaucoup, que peu d’entre eux seraient repartis chez eux, qu’ils auraient été tués sur le chemin du retour mais je ne sais pas si cela est vrai. De toute façon, si c’est vrai, c’était de la bêtise, ces gens là étaient des humains comme les autres et ils n’avaient jamais fait de mal à personne ici. (Ceci est la retranscription d'un témoignage oral recueilli le 31 décembre 2009 par le webmaster) _______________________________ TEMOIGNAGE DE MONSIEUR LATOUR Je vous livre ici le témoignage de Monsieur Gilbert Latour qui m'a aimablement envoyé un double de sa lettre à Monsieur le consul d'Allemagne. Hanté par le souvenir douloureux d'un épisode vécu à l'âge de 11 ans, il avait noblement décidé d'informer le consul pour permettre une éventuelle identification de la victime et ainsi, l'information de sa famille qui doit se contenter depuis le tragique décès d'un laconique "mort en mission" (Suite à ce courrier des recherches ont été faites en Allemagne par les services dédiés mais elles n’ont pas abouti) "En 1944 ma famille habitait Lamure sur Azergues. Mon père était agent SNCF à la gare. En 1943 l'armée allemande avait installé une base d'observation (C'est ce que disait la rumeur publique) à Ranchal. Un soir des derniers jours de mai, je n'ai pas mémorisé la date mais c'était avant le 6 juin, j'allais vers 19h30 à la gare, pour rejoindre mon père qui terminait son service à 20 heures. Son collègue de nuit (20h / 4h) que je nommerai par ses initiales H.G. arriva en avance. Il hésita, semble-t-il en raison de ma présence, puis raconta les évènements de la nuit précédente. Parmi les voyageurs arrivés à 20h45 par l'unique train quotidien reliant Lyon Saint Paul à Lamure, il y avait un soldat allemand. H.G. ayant procédé au garage du train, regagna le bureau 20 minutes plus tard, la nuit était totale. Le soldat était revenu et lui fit comprendre qu'il désirait passer la nuit à la gare. Aller à Ranchal à pied en pleine nuit offrait beaucoup d'incertitude. Plus tard H.G. était occupé à des écritures tandis que le soldat était adossé à une grosse presse à relier posée sur une table. Soudain par une fenêtre latérale, H.G. et le soldat virent passer trois hommes, quelques secondes après ils entraient dans le bureau. Je passerai sous silence ce qui fût une mise à mort. Si plus tard, cela s'avérait utile je pourrai écrire ces détails sordides. Celui qui paraissait être le chef du groupe fouilla le mort et dit "Il est Polonais". Ce détail semble sans intérêt puisque, compte tenu de l'histoire de l'Allemagne (Silésie, Poméranie, Prusse orientale etc.) il était normal que des milliers de militaires allemand portent un patronyme à consonance polonaise. Mais ramené à la petite garnison de Ranchal, cela devient plus précis. H.G. du insister pour que les assaillants emmènent le cadavre. Peu de personnes ont dû connaitre où et comment ils se débarrassèrent de ce fardeau encombrant. Je ne sais pas si l'autorité militaire ouvrit une enquête, ce soldat n'ayant jamais rejoint Ranchal. A aucun moment, jusqu'à la libération, début septembre, les cheminots de Lamure furent interrogés. Merci beaucoup Monsieur Latour pour ce témoignage qui nous éclaire sur les disparitions que j'évoquais dans mon "histoire du camp". _______________________________ TEMOIGNAGE DE MONSIEUR MICHAUDON A la lecture de cette page, Monsieur Yves Michaudon nous fait part de son témoignage intéressant puisqu'il nous éclaire sur une autre des disparitions évoquées ici (Ou s'agit-il de la même ?) : "Je viens de lire l'excellent article sur le camp allemand dont j'avais entendu parler par mon père originaire de Poule et j'aimerais apporter un témoignage. Une excellente initiative qui a peut être sauvé des vies. Malheureusement la datation est impossible, Monsieur Descroix étant décédé en 1984.
CRASH D'UN AVION A PROPIERES Le site "Patrimoine en haut-Sornin" (Propieres) nous raconte l'histoire passionante du http://www.patrimoine-haut-sornin.fr/histoire%20contemp4.htm En 2016 j'ai retrouvé les restes du crash perdus au coeur d'une forêt magnifique sous la roche d'ajoux : _______________________________ Voici un livre qui mérite le détour et qui mérite sa place ici car...il commence au camp allemand de Ranchal. C'est en fait l'engagement d'un homme dans la résistance qui débute par l'espionnage du camp, son histoire a été admirablement reconstituée par son fils dans un livre historique de 300 pages, émouvant et très intéressant qui vient de paraitre.
Vous pouvez l'acheter en envoyant un cheque de 23 euros à : (20 euros + 3 euros de frais de port)
|
...... | ||||||||||||||||||||||||||||||||